Vingt ans après

En 1939, à la veille de la guerre, trente sept années après leur fondation et vingt ans après leur début comme société de développement "Les Coopérateurs de Champagne" possèdent :


Trois entrepôts généraux : Etampes sur Marne, Sens et St Julien les Villas.

400 succursales réparties sur 8 départements

175 services de tournées à domicile par voitures automobiles et hippomobiles.

Ils groupent plus de 70 000 familles adhérentes et leur chiffre d’affaires atteint 180 millions de francs.

La guerre de 1939-1945 : période tragique de l’histoire de la société. Dès la mobilisation le départ aux armées de la plupart des membres du personnel et des gérants, les réquisitions massives de son parc automobile et plus particulièrement des camions de gros tonnage, jettent la perturbation dans son fonctionnement.

Dès le mois de Mai 1940, de violents bombardements aériens anéantissent presque entièrement les entrepôts de Etampes sur Marne. Des stocks considérables de marchandises sont la proie des flammes. Puis c’est l’exode, et l’occupation ennemie. Les entrepôts de St Julien les Villas. sont immédiatement occupés par les troupes allemandes. Elles ne les évacueront qu’en 1944. Les entrepôts de Sens subissent aussi une occupation partielle pendant quelques temps. Tout le matériel roulant est réquisitionné ou détruit. Toutes les succursales abandonnées par les gérants sont inexorablement pillées.

Au retour de l’exode la société se trouve dans une situation catastrophique. Elle ne dispose plus de ses entrepôts de Etampes sur Marne et de St Julien les Villas, ni de son matériel roulant, ni d’aucun approvisionnement en marchandises, ni même d’emballages. Les pertes de guerre, en valeur 1939, s’élèvent à près de 35 millions de francs !
N’importe quelle institution aurait pu être frappée à mort par un tel désastre. Ce n’est pas le cas pour les "Coopérateurs de Champagne". Cette société trouve dans le malheur les ressources morales et matérielles suffisantes pour panser ses blessures les plus béantes et reprendre progressivement, par le seul jeu de son énergie, son service en faveur des consommateurs.

Les bureaux sont rétablis "Grande Rue" de 1940 à 1945 et pour les entrepôts on dispose de la salle paroissiale du Cinéma "Vox" et du grand garage. En 1945 les bureaux reviennent à Etampes dans le bâtiment dénommé "Café du dépôt".

Pas un seul des coopérateurs n’est lésé d’un centime. Tous les fournisseurs sont intégralement désintéressés. Aucun secours de l’Etat n’est prodigué à la société qui continue à payer tous ses impôts. Et malgré la pénurie, malgré le rationnement, malgré tous les aléas de cette époque troublée, la société peut rouvrir progressivement l’ensemble de ses magasins et assurer le ravitaillement des coopérateurs.

En pleine guerre les résultats de gestion sont suffisamment équilibrés pour permettre de reprendre la répartition annuelle des trop-perçus, ainsi que le jeu des oeuvres sociales. Faisant la preuve de la vitalité du système coopératif, la société force l’estime et l’admiration de tous pour le courage avec lequel elle a vaincu l’adversité.